À l’occasion de l’intronisation de la 26ème édition du festival d’été

la Saison des Grâces

Samedi 7 juillet 2018 à 20h

 

Pour la Contre-Fêt’nat’, nous avons le Bonheur de vous annoncer la reprise

du spectacle de Roger des Prés

D’après l’entretien de Khaled Kelkal avec le sociologue Dietmar Loch
Vidéos de Delphine de Blic et Hakeem B
Avec Antoine de Benoist de Gentissard et Roger des Prés

 

« Tout marche vers l’avant, vers le large, rien ne s’effondre »
Walt Whitman

Samedi 7 juillet à 20h
Tarif : 6€ / 11€  – Réservations

Irrégulièrement, le week-end précédent le 14 juillet,    nous donnons  notre  «Nème   Contre-Fêt’nat’», née la première année de notre naissance à Nanterre, au lendemain du passage au dessus de notre petit déjeuner de tous les objets militaires volants qui vont faire le show sur les Champs Elysées pour Emmanuel Macron, Donald Trump et quelques autres…

    Qu’est-ce que la nation?
Qu’est-ce que la nation française?

Un bon communiste pratiquant-non croyant comme moi estime évidemment «qu’une seule nation est digne d’être célébrée, la Terre, et pas par un défilé militaire»! Alors, certaines années, cette Contre-Fêt’nat’ propose un défilé de spectacles, d’oeuvres… de mille et une cultures… D’autres fois, nous n’avons rien… D’autres encore, un orage inouï… D’où le nombre : «Nème» Contre-Fêt’nat’…

Cette année, banlieusard de plus en plus revendiqué, je remets le couvert, a fortiori après l’avortement même avant l’oeuf du dernier « Plan banlieue » (pauvre Borloo…) en rejouant un spectacle que j’avais créé en 2006, repris en 2011 : « Khaled Kelkal, une expérience de la banlieue » que nous rebaptiserons, en vue d’une série peut-être à l’automne

« Khaled Kelkal a-t-il vieilli ?» 
 

On peut se souvenir de ce jeune homme appelé «ennemi public numéro 1», tué à 25 ans le 29 septembre 1995, deux mois après l’attentat dans le RER B à la station St Michel le 25 juillet… Le 3 octobre suivant, le journal «Le Monde» publiait la transcription d’un entretien qu’il avait donné trois ans auparavant à un sociologue allemand venu à Vaulx-en-Velin étudier «la politique d’intégration à la française».

C’est cet entretien que nous restituons sur scène pour rappeler ce qu’un journaliste exhortait à considérer comme «un avertissement» à engager une sérieuse remise en question du traitement des banlieues, des communautés issues de l’immigration, de nos anciennes colonies…

Aujourd’hui, si on peut se souvenir de Khaled Kelkal, se souvient-on du nom des terroristes qui ont tué à Nice, à Saint-Etienne-du-Rouvray, dans le quartier du Bataclan… Peut-être se souvient-on de ceux qui ont tué à Charlie Hebdo… Sait-on qui sont ceux qui, plutôt que tuer en France, sont partis en Syrie ? Banalisation?!?!?!?!

    Alors quoi ?
    Que se passe-t-il ?
    Que fait-on ?
    Que peut-on faire ?
    Peut-on faire quelque-chose ?

Pour ma part, je ne m’étalerai pas sur mon «djihad» quotidien depuis vingt-cinq ans, ardent, provocateur… artiste (?!) dans ma populaire Nanterre (d’ailleurs de moins en moins populaire vus les milliards de litres de béton qui la gentrifient depuis quinze ans), dans mon quartier dit «du Parc», classé jadis par Sarkozy parmi «24 quartiers hautement criminogènes – honte de la France»… je ne m’étale pas, ça me regarde… Je veux juste rappeler ce que Khaled Kelkal demandait, ce que la République ne lui donnait pas : comment un être intelligent, lucide, bien élevé, bon à l’école… a pu basculer dans la monstruosité parce qu’on n’a pas su lui offrir la simple reconnaissance, la simple dignité.

Avant le spectacle, nous lirons quelques uns des articles qui accompagnaient la transcription de l’entretien du Monde.

Pas de «chute», pas de «morale», pas de «solution» ni de «deus ex machina»… juste cette obsession de justice, ardente… ce désir de paix sur terre, cet indécrottable optimisme activiste…

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L’exécution de Khaled Kelkal

 

Dans la nuit du 29 septembre 1995, M6 diffusait, en différé d’une vingtaine de minutes, les images de l’exécution de Khaled Kelkal (« l’ennemi public n° 1 » de ces années sombres du milieu des années 1990) par un escadron de quelques 200 gendarmes du corps d’élite de l’EPIGN. Le lendemain, France 3 rediffusait les images… avec quelques coupes dans la bande-son… Puis, le 7 octobre, Le Monde publiait une série d’articles sur la banlieue, l’immigration,les mesures institutionnelles, etc. qui encadraient la transcription d’un entretien que Kelkal avait donné en 1992, trois ans avant les attentats de Saint-Michel, à un sociologue allemand descendu à Vaulx-en-Velin, en banlieue lyonnaise, enquêter sur «l’intégration à la française».

 

Une expérience de banlieue à la Ferme du Bonheur

 

« En 2006, j’étais retombé sur ces pages du journal Le Monde. Mais, tant pis, après le 21 avril 2002, les émeutes de 2005… il fallait faire quelque chose, même en version théâtrale ! J’en étais pourtant fort peu motivé, mais le soir de la première de la création en 2006 dans mon favela-théâtre, il y avait du très beau monde, et je me suis demandé pourquoi celui-ci avait pris 50 minutes de son temps pour entendre une parole de lascar….

Il y avait eu une synergie impressionnante autour de cette création. Mais aujourd’hui, j’ai encore faim ! Et le sujet est loin d’être clos, je dirai même que ça ne s’est pas arrangé ! Et la Ferme du Bonheur, contre vents et marées, ne se sera jamais contentée de gloser, elle affirme des choix précis et pourtant simples, avance des propositions concrètes et simples, accomplit des actes justes… et simples ! J’insiste sur cette simplicité, au risque de paraître prétentieux, mais parce que ça marche ! On n’a pas résolu la cruauté du monde, loin s’en faut, mais on a au moins accueilli à notre table « les mendiants et les rois, le flic et le voyou, le jeune et le vieux…». Que ce soit lors de l’opération CUCS – Politique de la Ville où nous habitions 24h/24, 7j/7,pendant tout le mois d’août 2004, sous une tente au cœur des cités du quartier Université de Nanterre, que ce soit lors des expositions d’arts plastiques dans mon appartement au 35ème étage d’une des tours-nuages d’Émile Aillaud dans le quartier du Parc figurant parmi les «24 quartiers les plus criminogènes de France»… ou encore à la Ferme du Bonheur même, lieu ouvert s’il en est, où entre poules, cochon, chevaux, chèvres…, on fait du théâtre, de la musique, de la danse, du cinéma, de l’art plastique… mais aussi de l’action sociale avec la foule de galériens de la ville, et enfin de l’agro-poésie sur les friches sauvages du projet urbain du Grand Axe de la Défense…

Aussi, cette reprise n’aura-t-elle de sens qu’à susciter, diffuser, échanger des expériences d’actions et de pratiques… espérer un monde ! Une mise en scène brute de l’entretien entre l’interprète de Khaled Kelkal et celui du sociologue dans un décor constitué d’un écran où l’on projette un film à partir d’images de l’exécution de Kelkal, des heures suivant l’attentat de Saint-Michel et des émeutes de 2005.

OPTIMISTES ACTIVISTES, au travail ! »

Roger des Prés

 

La reprise du spectacle en 2018

 

D’après Roger des Prés, votre serviteur, inventeur de la Ferme du Bonheur à Nanterre, « une seule nation est digne d’être célébrée, la Terre, et pas par un défilé militaire… ». Et depuis ce 14 juillet après son arrivée à Nanterre l’hiver 1992/93 où mirages, hélicoptères, avions-radars, porte-missiles etc. ont survolé son petit déjeuner, nous nous attachons chaque année à une célébration fourre-tout au moins internationale, chaque week-end qui précède à peu près le big show sur les Champs Elysées.

Cette année, nous re-sortons de nos greniers un spectacle créé en 2006, que le public n’avait pas compris, repris en 2011 avec standing ovation chaque soir… Sans doute qu’un certain Sarkozy était passé par là entre-temps… À l’heure d’un nème« Plan Banlieues »… cette fois quasi mort dans l’œuf, nous autres, habitant un des vingt quatre quartiers insultés par ledit ministre de l’Intérieur devenu président de la République, qualifié de « quartier hautement criminogène – honte de la france », Roger des Prés et Antoine de Benoist de Gentissart jouerons « Khaled Kelkal, une expérience de la banlieue », précédé, Contre-Fêt’nat’ oblige, de lectures des articles du journal « Le Monde » du 7 octobre 1995 qui entouraient la fameuse transcription de l’entretien que Kelkal avait donné en 1992, trois ans avant l’attentat du 25 juillet au RER St Michel, à un sociologue allemand descendu à Vaulx-en-Velin étudier « la politique d’intégration à la française »… On sait, malgré certains de ces journalistes à l’époque qui exhortaient nos consciences à bien entendre ce qui pouvait être un « avertissement »… ce qui se passe depuis…

Pour prévention, la Ferme du Bonheur, la Fabrique du P.R.É., cette œuvre publique… ne laissent aucun doute sur quelque « apologie du terrorisme » dont on pourrait nous accuser, comme cette monstrueuse journaliste de France Inter l’a tenté en 2011 ; il s’agit, encore et toujours de tout tenter pour sortir la banlieue (la france ?) du précipice où on la laisse s’enfoncer… à nos risques et périls…

 

Réactions

 

« On se laisse à penser que [depuis 1992] rien n’a changé » – Le Monde, 7 octobre 2006

« Un spectacle choc qui peut déranger tant les propos de Khaled Kelkal […] reflètent le malaise actuel des jeunes de banlieue »
– Le Parisien, 11 novembre 2006

« La mise en scène de Roger des Prés est rigoureuse, sans effet de manche. Elle maintient à juste distance l’émotion que provoque naturellement cette histoire pour convoquer la réflexion. Il ne joue ni sur le malaise ni sur la provocation. Un travail salutaire et audacieux. »
– L’Humanité, 26 novembre 2006

« Théâtre politique ? Théâtre documentaire ? Théâtre philosophique ?…»
– Le Blog de Médiapart, Martine Silber, octobre 201

 

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