Table des matières
30 ans de Culture, Nature et Société au cœur de Nanterre
5 ans de lune de miel, 24 ans de combat
1992-1996, un accueil à bras ouverts et la reconnaissance
1997 la rupture avec la municipalité
2004-2017 Le rayonnement dans la précarité
2017-2020 – ZAC Seine Arche : pas de place pour la Ferme du Bonheur
L’amputation avant la mise à mort

30 ans de Culture, Nature et Société au cœur de Nanterre

En sortant de la fac de Nanterre, vous passez peut-être devant tous les jours sans y prêter garde : il y a quand-même cette palissade ornée qui attire votre regard. Vous commencez par lire les haïkus et par admirer les œuvres peintes. Au bout d’un moment, un petit panneau « La Ferme du Bonheur » devant deux vantaux vénérables pique votre curiosité. Vous franchissez le seuil en faisant tinter la cloche. A peine la porte franchie, l’agression du béton laisse place au vert des glycines teintées de violet. L’odeur du foin et une autre plus dense excitent vos narines. Quelques pas sur votre droite vous conduisent à leur source. Et vous comprenez que les moutons iconiques de l’université sur les t-shirts de votre collègue sont ceux de La Ferme du Bonheur ! Un cheminement pavé serpente entre la sauge et les arbres fruitiers en espalier pour aboutir à un lieu indéfinissable, entre place de village, cour de ferme et cour des miracles. Un étudiant étranger passionné d’agriculture, un metteur en scène en répétition, un cas soc’, un bénévole ou un salarié vous accueille. Le cri des paons couvre parfois vos voix. Charmé par le lieu, vous revenez pour assister à une représentation théâtrale, hors du temps. Au gré des rencontres, vous vous initiez à l’architecture en pierre sèche et vous participez aux activités agricoles sur le Champ de la Garde, à deux pas de La Ferme du Bonheur. Vous finissez vous aussi par transmettre votre savoir aux nouveaux arrivants. Une fois ou l’autre, une amie vous parle d’un lieu « trop épique » où il y a des soirées dans un champ « comme à la campagne avec des cochons trop mignons » … et vous vous retrouvez à Nanterre dans ce Champ que vous fréquentez déjà. Cela semblerait fictif, c’est pourtant vécu par les centaines de milliers de Nanterriens, de banlieusards plus ou moins fauchés, de scientifiques, d’élus de la République, de cadres à la Défense, de Compagnons du Devoir… passés à La Ferme du Bonheur depuis 30 ans. Il faudrait bien plus qu’une liste pour rendre compte du creuset que ce lieu et son projet représentent. C’est le résultat d’un tiers-lieu, au sens originel, avant que la novlangue ne s’en accapare : la Ferme du Bonheur cultive cette capacité à faire se rencontrer des personnes qui n’auraient jamais dû se croiser ; met en pratique une évidence : l’Homme, la Culture, l’organisation sociale et la Nature forment différentes facettes d’une unité. Face aux experts qui tronçonnent les connaissances en particules, on y développe un projet organique, cohérent et politique, au sens étymologique. On y revendique un droit à l’expérimentation dans tous les domaines, et c’est par cette liberté d’action que les équipes, pérennes ou de circonstance, ont permis l’émergence de mouvements précurseurs qui ont essaimé en Ile-de-France et bien au-delà : valorisation esthétique et agricole de délaissés urbains exposée à la Biennale Internationale d’Architecture de Venise, culture et inclusion sociale par le théâtre et l’agriculture, animation socio-culturelle des banlieues par des événements des plus délicats comme des plus populaires, études scientifiques sur la maîtrise de la pollution des remblais de la Défense, etc. etc. etc.

5 ans de lune de miel, 24 ans de combat

1992-1996, un accueil à bras ouverts et la reconnaissance

La Ferme elle-même est née pendant l’hiver 1992-93. Roger des Prés débarquait sur les ruines d’une école communale 1900 fraîchement rasée, à la lisière de l’Université Paris X, avec « un bouc et trois biques, un âne, deux chiens, deux caravanes, un barda de spectacle, un atelier… », invité à s’installer « pour quelques temps » (un IUT devait alors être construit ici, un des innombrables projets annoncés puis abandonnés) par le Directeur des Affaires Culturelles de la ville : « Ce terrain va durer un an ou deux avant ‘promotion’ immobilière… ». Roger y créé son premier spectacle avec sa compagnie, commence à planter, cultiver, récolter, cuisiner… Il élève ses animaux, improvise du fromage de chèvre « A.O.B.B. » (Appellation d’Origine Bonheur en Banlieue), invite des artistes de tous horizons… De plus en plus de monde s’implique, les spectacles se multiplient, et le public est au rendez-vous… En nombre ! La mairie reconnaît promptement l’intérêt de cette aventure collective, et la subventionne au bout de quelques mois seulement de présence, tout comme la DRAC – Ministère de la Culture – qui signe la première convention triennale, encore en cours aujourd’hui.

Ces soutiens légitiment de fait la Ferme du Bonheur à mener ses actions.
La croissance continue du public intime à la création du Favela-théâtre, parfait exemple architectural de ce qu’on appellera plus tard recyclage, réemploi… développement durable. Le Favela-théâtre sera célébré par un livre commandé par Patrick Bouchain, Grand Prix National de l’Urbanisme, pour sa collection « l’Impensé » qu’il dirige chez Actes Sud. En 2001, la Ferme du Bonheur fera partie des lieux cités dans le rapport sur « les Nouveaux Territoires de l’Art » commandé par Michel Duffour, Secrétaire d’Etat au Patrimoine et à la Décentralisation Culturelle.

1997 la rupture avec la municipalité

En 1997, la couverture médiatique de plus en plus importante (notamment une pleine page dans Libération « A La Ferme du Bonheur, entre poules et chêvres, Roger des Prés revit le rêve d’un homme ridicule de Dostoïevski. Rassérénant »), semble être le déclencheur d’un durcissement des relations. Jacqueline Fraysse, députée-maire, prononce un arrêté d’interdiction au public du Favela-théâtre. Pendant l’hiver 2001-2002, Jacqueline Fraysse bloque le versement des subventions d’investissement prévues par la DRAC, destinées à mettre aux normes et à réparer la Ferme suite aux dégâts de la tempête de 1999 ; ces subventions auraient permis de lever l’interdiction au public du Favela-théâtre ! Elle se justifie par un mensonge : « depuis plusieurs années, la Ferme du Bonheur occupe un terrain municipal sans autorisation ». Cette décision arbitraire installe durablement la Ferme dans la précarité en empêchant tous les crédits d’investissements de l’Etat, de la Région, du Département et lui donne une étiquette de « paria ». Elle est à l’origine de relations toujours tendues entre la majorité municipale et l’association.

2004-2017 Le rayonnement dans la précarité

En 2004, grâce aux publics, institutions, médias et personnalités, la mairie et la Ferme du Bonheur signent finalement une convention d’occupation en bonne et due forme, mais le mal est fait… Cette convention est par ailleurs particulièrement précaire, pouvant être annulée sans contrepartie avec un préavis de seulement 6 mois. La Ferme se développe néanmoins, créé jusqu’à 7 emplois en CDI, d’autres en CDD, emploie des intermittents, et les activités publiques se multiplient : table d’hôte, conférences, arts plastiques, cinéma, théâtre, concerts, fêtes… Ateliers d’initiation aux artisanats, à l’apiculture ou au compostage, hammam, « Noëls Clochard » pour les personnes précaires tout autant que les grands bourgeois esseulés… Elle pratique le mélange, le décloisonnement, chacune des activités pouvant se mélanger à l’autre ou lui succéder dans la même journée. Elle privilégie, notamment par la participation des animaux comme du public, le tangible,
l’expérience vécue et ressentie. A Noël 2008, les bulldozers, dans leur mouvement inexorable du quartier d’affaires vers la Seine sur le fameux Axe Historique, saccagent une parcelle que Roger avait baptisée le « Petit Pré » tant le milieu spontané était extraordinaire. Petite consolation : elle sera immortalisée par une photographie de Cyrille Weiner qui deviendra l’étendard de la grande exposition « Paysages Français » à la BNF en 2017.

Figure 1. Le « petit pré », photographié par Cyrille Weiner en 2008… Et ce qu’il en reste quelques mois plus tard.

Roger et une vingtaine d’habitués déclarent alors, le 28 décembre, « prendre autorité (responsabilité !) commune, spontanée, aléatoire, précaire… libre ! » sur la parcelle voisine, la dernière « friche sauvage et libre » de l’Opération immobilière d’Intérêt National « Seine Arche ». Ce Lieu-sera-Dit « Le Champ de La Garde », les immeubles de la caserne Rathelot qui héberge la Garde Républicaine le surplombant. Ce qui n’est alors qu’un terrain vague rempli de monceaux de détritus sans nom se transforme peu à peu. Les volontaires se succèdent, d’abord occasionnellement, rapidement chaque Dimanche, puis tous les jours, pour nettoyer, défricher, aménager, fertiliser, semer, arroser, récolter… Sans la moindre mécanisation, avec intuition, en acceptant les contraintes du terrain et les dynamiques naturelles. Lentement, un paysage rural ahurissant, hors du temps, émerge entre les immeubles et les lignes de chemin de fer. Une étude d’Urban Eco Scop menée en 2021 à la demande de Paris La Défense conclut que le Champ accueille désormais 37% de la biodiversité de Nanterre et a le potentiel de devenir un nœud majeur de biodiversité entre les deux réservoirs constitués par le parc André Malraux et le parc du Chemin de l’Île, ce dernier créé par un grand ami de la Ferme, le jardinier- paysagiste Gilles Clément.

« Le site du Champ de la Garde, bien que dans une situation relativement isolée dans la trame écologique locale, parvient à accueillir une biodiversité tout à fait intéressante dans un contexte urbain dense. Il abrite 269 espèces végétales (cultivées et spontanées) et 138 espèces animales. Cette diversité est permise par la relative tranquillité du site, ainsi que par la gestion et les aménagements favorables à l’expression d’une flore spontanée diversifiée support de la faune locale. » — Urban Eco Scop

« Isolé dans la trame écologique locale » ? Il est pourtant dans le prolongement et à deux pas de la fameuse « coulée verte » des terrasses de La Défense… Il semble donc que celle-ci ne constitue pas vraiment la « continuité écologique » prétendue.

« la gestion et les aménagements favorables » ? C’est-à-dire exactement ce qu’y fait la Ferme du Bonheur depuis 14 ans.

Une convention d’occupation avec l’ex EPAD-EPASA-EPADESA (« Établissement Public d’Aménagement de la Défense Seine Arche »), devenu « Paris La Défense » est finalement signée en 2014 pour officialiser la présence de la Ferme du Bonheur sur le Champ de la Garde. Celle-ci reconnaît explicitement « l’intérêt général écologique, environnemental, social et pédagogique » du projet qui s’y développe.

L’EPADESA, constatant que les terrains sont pollués, propose de mettre en œuvre la désolante méthode « raclage – pose de bâche géotextile – import de terre végétale (pillée ailleurs) ». La Ferme refuse poliment, postulant à un haut message d’optimisme qui la caractérise : dépolluer, ressusciter les sols. Les laboratoires d’AgroParisTech, de l’INRA, de l’IRD et de l’INERIS s’associent rapidement à cette initiative. Ils développeront ici plusieurs projets de recherche (limitation des risques dus à la pollution par la sélection des espèces cultivées et des pratiques de culture ; régénération d’un substrat sain par nettoyage et apport de matières minérales et organiques revalorisées, ces dernières notamment issues des animaux de la Ferme…).

2017-2020 – ZAC Seine Arche : pas de place pour la Ferme du Bonheur

En 2017, Paris la Défense annonce une première fois l’« aménagement » prochain de la zone, qui concerne : les « franges de l’université » (là où est la Ferme), les « terrasses 3 à 5 » (le Champ de la Garde) et l’échangeur A14-A86 (là où une implantation pérenne de la Ferme est évoquée depuis toujours). La mairie informe l’association que sa convention d’occupation pour son site historique de la Ferme sera bientôt annulée au bénéfice de l’installation d’une école, l’INSHEA. Elle invite à contacter la directrice du développement culturel de la ville pour évoquer avec elle la question d’une « relocalisation ». Celle-ci ne répondra jamais aux sollicitations de l’association… Le projet de l’INSHEA est lui aussi… abandonné. Le Conseil Départemental des Hauts de Seine (CD92) prend le relais et contacte l’équipe de la Ferme pour tenter de trouver une solution. La Ferme, qui a toujours réfuté l’usage du terme « relocalisation », rétabli la vérité de « libération de la parcelle » (à laquelle elle ne s’oppose pas, pour peu que l’ensemble du travail réalisé soit reconnu à sa mesure, la perte compensée, et l’association pérennisée) et prétend, en échange, à « développement » : les lieux aménagés depuis 15 ans au Champ ou 30 ans à la Ferme l’ont été en fonction de leurs propres possibilités et contraintes, et en fonction d’une longue histoire humaine, économique et politique : ça ne se « déplace » pas ! Il s’agit donc de développer un nouveau projet baptisé le P.R.É. ou « Parc Rural Expérimental ». De nombreuses discussions auront lieu courant 2018, aboutissant à des notes d’intention de la part de l’association, imaginées pour des sites évoqués par le CD92. Aucune suite ne sera donnée…

En 2018 toujours, la Ferme du Bonheur fait partie des 10 « lieux infinis » qui représentent la France à la Biennale Internationale d’Architecture de Venise. Une reconnaissance institutionnelle majeure de plus, ignorée par la municipalité… En 2019, Paris la Défense informe l’association que l’aménagement se poursuit, et que les deux conventions d’occupations précaires, concernant la Ferme comme le Champ seront bientôt dénoncées. Parmi leurs projets d’« aménagement » figurait la construction d’une voie de circulation sur le Champ de la Garde, destinée à desservir depuis La Défense un complexe tertiaire de 125 000 m2 de bureaux, un projet commun entre la mairie « de gauche » et BNP Paribas, construit en lieu et place des Papeteries de la Seine (une architecture industrielle spectaculaire débutée fin XIXe a été détruite ; les papiers et cartons à recycler d’île de France prennent désormais l’autoroute en camion…). La construction de cette voie de circulation était en totale contradiction avec le Schéma Directeur de la Région Ile de France, qui intime ici la « création » (elle est déjà là !) d’une « coulée verte » et d’un « parc d’intérêt régional ». La Ferme s’oppose à sa construction, via une mobilisation d’acteurs locaux et une pétition ayant recueilli plus de 10 000 signatures en quelques jours, suspendue par le confinement Covid, et obtient gain de cause : cette route ne sera pas construite. L’amputation avant la mise à mort La Ferme du Bonheur paye aujourd’hui le prix de ses convictions, subissant désormais un pilonnage incessant, infamant et cynique de la part de la municipalité, qui s’intensifie chaque semaine. L’aménageur de la ZAC (Paris La Défense) et le maître d’œuvre Ilex, qui vient d’être sélectionné, se voient imposé comme « paramètre d’entrée », n’appelant pas à discussion, l’installation de l’école de cirque les « Noctambules » (les voisins qui partagent le terrain avec la Ferme) sur le Champ de la Garde. Cette installation est en contradiction totale avec les règles d’urbanisme, s’agissant d’une zone « ULa » dans le Plan Local d’Urbanisme, c’est-à-dire une zone paysagère n’autorisant pas la construction ; or l’installation pérenne de chapiteaux nécessite le nivellement du site et un permis de construire. Ces travaux d’ampleur contredisent les intentions revendiquées de l’opération d’aménagement : prendre en compte dans le cadre du travail de « programmation » l’ensemble des contraintes et des besoins des différents usagers et acteurs locaux. Le déplacement du cirque est donc acté alors que la programmation des opérations par le maître d’œuvre n’a même pas commencé. Aucune explication pour cet empressement, sinon une volonté évidente de détruire, d’effacer le travail de milliers de bénévoles (spontanés, structures sociales, entreprises en RSE, petites et grandes écoles…), de scientifiques, d’artisans, de paysans, de salariés de la Ferme… Tant pis pour les règlements, et tant pis pour la biodiversité ! Début 2022, la municipalité et Paris la Défense présentent publiquement ce projet. Ils utilisent, bien sûr, une photo grise, prise l’hiver, pour illustrer l’ « avant » du projet… La même photo prise au printemps montre pourtant l’ampleur de ce qui est menacé.


Figure 2. Le Champ de la Garde. Au premier plan, entre les talus, ce qui doit être rasé.

Alors que les autres associations affectées par le projet d’aménagement sont relogées à grand frais, la mairie a annoncé la publication prochaine d’un « Appel à Manifestation d’Intérêt » pour un projet « d’agriculture et de culture » sur le périmètre restant du Champ de la Garde, aménagé, dépollué et animé depuis 14 ans par la Ferme du Bonheur et ses adhérents. Le site de la Ferme doit lui, être libéré, la Ferme détruite, en 2023, pour laisser place à la construction d’immeubles d’activités. Le projet de PLD cite des activités type « concession automobile » au rez-de-chaussée « surmonté de 4 niveaux de bureaux. En effet, ces lots ne peuvent accueillir du logement en raison des nuisances des infrastructures routières ». Le monde en général et Nanterre en particulier manque effectivement cruellement d’immeubles de bureaux et de concessions automobiles… La subvention municipale annuelle de fonctionnement de l’association, déjà modeste, a été réduite de moitié, assortie en outre, apparemment, à une suppression totale de la subvention du département, le conseil départemental ayant semble-t-il transféré ses fonds dédiés au subventionnement de la culture aux différentes municipalités. L’annonce de cette réduction est accompagnée d’un courrier odieux, rempli de reproches mensongers, pour ne pas dire diffamatoires. Les élus EELV–Génération de la majorité municipale s’offusquent officiellement de cette décision, sans effet concret. L’association est depuis peu l’objet d’un contrôle fiscal visant à requalifier comme une activité commerciale la tenue d’événements électro et donc à les taxer lourdement, alors qu’ils permettent de financer l’ensemble des activités artistiques, culturelles, sociales… Sans remettre en cause la légitimité de ce contrôle, on s’interrogera sur sa temporalité et le rapport bénéfice/coût du temps passé par les agents de la DGFIP… Nous en arrivons à la dernière attaque de la mairie, visant à priver définitivement l’association de sa principale source de revenus : les événements électro, organisés depuis une quinzaine d’années en toute transparence avec la mairie, qui assistait dès l’origine et pendant des années aux réunions de préparation ; événements recevant les louanges aussi bien de la presse culturelle nationale et internationale… que des forces de l’ordre. La veille du premier événement de la saison 2022 (date du 26 mars), l’association reçoit un premier recommandé du bureau du maire concernant son organisation. Celui-ci rappelle la nécessité d’une demande d’autorisation « GN6 » pour toute « manifestation exceptionnelle ». L’association demande en retour un contact à la mairie pour instruire le dossier et un éventuel formulaire (il n’existe pas de formulaire officiel, mais de nombreuses municipalités proposent un modèle). Cette demande restera sans réponse. L’avant-veille du second événement (date du 16 avril) la direction des Affaires Juridiques de la Mairie communique par email un nouveau courrier, envoyé le jour même en recommandé, menaçant cette fois l’association de poursuites graves. La mairie n’avait toujours pas répondu à la demande de contact formulée précédemment. L’association renouvelle donc sa demande pour tenter de débloquer la situation. Pas de réponse, sinon la remise par voie d’huissier, le vendredi 15, du même courrier du maire. Dans les minutes ayant suivi la remise, un nouveau message issu cette fois des services juridiques de la mairie est envoyé à l’association. Celui-ci renouvelle les menaces déjà formulées, les accompagnant enfin d’indications sur la procédure de demande d’autorisation réclamée depuis des semaines. Le bureau de l’association décide d’annuler la tenue de l’événement. Un dossier en bonne et due forme est constitué et envoyé à la mairie le 21 avril, dans les délais pour l’organisation d’un événement le 7 mai. La mairie attend la veille de cet événement pour refuser son organisation. Les justifications de ce refus montrent que le dossier a été lu avec une légèreté indigne, les pièces justificatives, jointes à l’envoi, n’ayant même pas été transmises aux personnes chargées de l’instruire. A ce jour, entre la casse des subventions, les dépenses engagées pour un événement qui a dû être annulé au dernier moment, le manque à gagner des recettes des événements qui n’ont pas pu se tenir, ce sont près de 55 000 € qui viennent d’être perdus, occasionnant la suppression d’un emploi et le départ des troupeaux, l’attitude de la mairie faisant craindre le pire.